L’alimentation du chien est un sujet complexe.
Il n’est pas toujours évident pour un propriétaire de savoir quelle alimentation proposer à son animal de compagnie.
En effet de plus en plus de vérités et d’idées reçues se propagent au travers des médias et d’internet.
Le but de cet article est de vous aider à faire le tri entre toutes ces informations afin de donner l’alimentation adaptée à la santé et au plaisir de votre chien. Nous allons plus particulièrement nous intéresser aux principales idées reçues « à la mode », à savoir : alimentation sans céréale, sans gluten et l’alimentation appelée BARF à base d’os et de viande crue, et tenter de comprendre quels sont les besoins réels du chien en matière d’alimentation.
Un peu d’histoire pour mieux comprendre
Les 500 races de chiens créées par l’homme proviennent toutes de la domestication des loups sauvages « canis lupus ». Cependant plus de dix mille années de cohabitation avec l’espèce humaine ont profondément influencé le comportement, le métabolisme et donc naturellement l’alimentation de nos chiens actuels.
Depuis plusieurs milliers d’années, les gènes du loup gris et du chien se sont nettement différenciés. Ces gènes intervenant dans le métabolisme et la digestion des aliments sont directement responsables du changement alimentaire de nos chiens. Certains sont même très proches des gènes humains, ce qui est une conséquence de nombreuses années de cohabitation.
Quels sont les particularités anatomiques et physiologiques liées à l’alimentation du chien ?
I. Le chien et la digestion des végétaux
– Une dentition apte à broyer des éléments végétaux
Les chiens ont conservé des caractéristiques de leurs ancêtres loups, telles que leurs canines pour la chasse et leurs dents carnassières pour déchiqueter la chair.
Cependant en passant du statut de prédateur carnivore à celui de compagnon de l’homme, le chien a suivi la même évolution que celle du chasseur-cueilleur devenu agriculteur : il a dû s’adapter à une alimentation contenant des céréales.
La dentition montre d’ailleurs une adaptation au régime omnivore. Les dents plus larges et moins pointues (molaires et prémolaires) permettent de broyer et de mastiquer les végétaux.
– Un métabolisme permettant de digérer les végétaux
L’amidon est un constituant important des végétaux. Le chien (contrairement au loup) possède une enzyme appelée amylase, capable de digérer l’amidon des végétaux.
Les chiens modernes peuvent ainsi tirer partie de l’énergie contenue dans les céréales et les légumineuses. Si l’amidon est cuit et apporté dans des proportions raisonnables, le chien est apte à digérer 99% des végétaux.
D’autres enzymes produites par l’organisme du chien permettent de digérer les céréales, on peut citer par exemple les disaccharidases, la maltase-glucoamylase etc. Tous les chiens n’ont cependant pas le même équipement pour digérer l’amidon : certains les tolèrent mieux que d’autres.
Cette tolérance dépend également de l’origine végétale de l’amidon ainsi des conditions de cuisson-extrusion dans le cas d’aliments secs.
– Le comportement alimentaire du chien à l’état sauvage
Les chiens vivants encore en meutes, sans l’aide de l’humain, se nourrissent préférentiellement des abats de proies souvent herbivores, les muscles ne venant qu’en dernière position de préférence. Or, dans le système digestif des herbivores on trouve beaucoup de céréales et de végétaux. L’alimentation du chien est donc une complexe alchimie entre protéines, glucides, matières grasses et minéraux.
La domestication du chien a été accompagnée d’une sélection de gènes jouant un rôle clé dans la digestion de l’amidon. Les chiens domestiques n’ont pas le même régime alimentaire que les loups sauvages. Ces derniers n’ayant jamais été domestiqués, se nourrissent de demi-carcasses, viandes osseuses, poulets, cœur de canard parfois d’œufs…certains fruits et végétaux sont parfois inclus à leur alimentation, ainsi que des huiles végétales.
Inversement, il serait déconseillé de donner des croquettes aux loups sauvages car, n’ayant pas bénéficié de la mutation génétique induite par la domestication, ils ne sont pas capables de digérer convenablement cette alimentation « moderne ».
– Les glucides sont nécessaires à une alimentation équilibrée du chien
Céréales, pommes de terre, légumes, fruits etc constituent une source d’énergie (glucides) et de fibres facilement assimilables. Ils favorisent les selles fermes et stimulent la croissance intestinale bénéfique.
Les céréales apportent vitamines, énergies, minéraux, acides gras et acides aminés. Elles permettent de libérer progressivement de l’énergie sur plusieurs heures pour votre chien.
II. Les risques des régimes alimentaires à base de viande crue
En 1993 un australien « Ian Billinghurst » a popularisé l’idée qu’un régime alimentaire basé sur la distribution de viande et d’os crus serait bénéfique. Ce régime est plus connu sous l’acronyme de BARF (Bones And Raw Food), à ne pas confondre avec la ration ménagère dans laquelle nous rajoutons légumes et féculents.
– Déséquilibres nutritionnels :
Ce régime « BARF » peut se montrer très nocif chez les animaux en croissance. Une étude allemande a constaté un déséquilibre nutritionnel dans 60% des cas. Les chiots de grand format sont particulièrement prédisposés au développement de différentes affections du squelette : ostéochondrose, ostéodystrophie, hypertrophie, dysplasie coxo-fémorale. Sans compter les possibles fractures dentaires, perforations et obstructions digestives.
– Donner trop de protéines peut présenter des risques
Production de flatulences, ballonnements etc sont des conséquences d’un régime hyperprotéiné. Les protéines mal digérées se retrouvent dans le gros intestin et peuvent conduire à la production de substances nocives.
Les animaux souffrant de maladies rénales chroniques peuvent également voir leur état se dégrader avec un régime trop riche en protéines, en raison des déchets que celles-ci produisent.
– Risques parasitaires
Les viandes crues sont nettement plus infestées de parasites que les viandes cuites. En effet, c’est la cuisson qui permet de détruire les parasites qui peuvent être responsables de gastro-entérites parfois hémorragiques.
– Contaminations bactériennes fréquentes
Plusieurs bactéries peuvent être responsables de maladies dans les viandes crues notamment la listéria qui peut aussi contaminer les femmes enceintes (et causer des troubles de développement du fœtus) ainsi que les enfants. De même pour les salmonelles, E.coli … tous ces noms barbares de bactéries peuvent être responsables de gastro-entérites parfois mortelles chez le chien comme chez l’humain.
Outre les risques de carences alimentaires, les contaminations bactériennes et parasitaires des régimes BARF strictes sont potentiellement dangereuses. De plus cette alimentation favorise la contamination des humains par des bactéries multirésistantes en cas de manque d’hygiène.
III. L’intolérance au gluten chez le chien, ça existe ?
On retrouve le gluten dans une multitude de céréales : blé, seigle, avoine, triticale. Chez les humains on constate parfois une intolérance au gluten.
Chez le chien, il ne s’agit pas d’une intolérance mais d’une hypersensibilité au gluten, que l’on observe dans de rares cas et qui ne concerne que quelques races (certains setter Irlandais par exemple).
La plus grande majorité des chiens tolèrent donc très bien le gluten dans des proportions raisonnables, bien entendu.
IV. Comment nourrir mon chien ?
Trois solutions s’offrent à vous :
- Les croquettes : qui ont un côté pratique pour leur conservation et leur rapidité de préparation.
Attention toutes les croquettes ne se valent pas. Si certaines croquettes présentent des compositions douteuses, d’autres peuvent simplement ne pas convenir à votre compagnon. Pour vous aider à comprendre les étiquettes et choisir les bonnes croquettes, nous réaliserons un article le mois prochain. Le but étant de trouver la composition la plus adaptée à votre chien.
- Les rations ménagères : Vous pouvez préparer vous-même l’alimentation de votre chien.
Cependant cette tache est plus complexe et prend plus de temps. En effet, il faut que votre chien mange des proportions adaptées à son alimentation (viande, légume, féculant, matière grasse et minéraux). Demandez conseil à votre vétérinaire.Les rations ménagères présentent l’avantage de faire varier les plaisirs gustatifs de vos compagnons
- L’alimentation mixte : mélange de croquettes et de viandes, légumes ou féculents pour le plaisir de votre compagnon. Ceci facilite la tâche et permet de ne pas commettre de carence alimentaire.
Conclusion
A mi-chemin entre l’homme et le loup sauvage, le chien a son comportement nutritionnel propre dû à son histoire et à sa domestication au fur et à mesure du temps.
Considérer son chien comme un mini-loup sauvage est une erreur, de la même façon que de lui administrer une alimentation humaine.
En devenant le meilleur compagnon de l’homme, le chien a su s’adapter à un régime alimentaire intermédiaire. Tous ces changements sont inscrits dans ses gènes. Nous avons créé une relation exceptionnelle avec le chien, il serait absurde de le traiter aujourd’hui comme un animal sauvage.